Tous unis dans la tranchée ? : 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple
Henri Barbusse, Marc Bloch, Maurice Genevoix, Apollinaire, Georges Duhamel ou Léon Werth : les intellectuels combattants ont laissé à la postérité des textes où la guerre est superbement décrite et analysée. Ils ont été abondamment cités par les historiens pour rendre compte de l’expérience des tranchées. Nicolas Mariot les relit ici non comme des illustrations exemplaires de « la » guerre des soldats français, mais au contraire pour y repérer les très nombreux décalages entre leur expérience de la guerre et celle de la grande majorité des combattants. L’auteur, sociologue et historien, traque dans les correspondances, carnets et autres témoignages toutes les mentions, jusqu’aux plus infimes et apparemment anodines, qui racontent l’état des rapports sociaux dans les tranchées. Ce sont elles qui composent l’essentiel de la matière de ce livre. Car en témoignant du monde des tranchées, et de l’épreuve de la boue ou des bombardements, ces intellectuels livrent un témoignage sur leur découverte des classes populaires, leurs perceptions des soldats côtoyés, qu’il s’agisse de « camarades » ou de « leurs hommes », et donc sur les écarts et les différences sociales à la fois maintenues et déplacées durant le conflit. Une profonde remise en cause de la Grande Guerre comme creuset d’une osmose entre groupes sociaux.